Le temps de la semaine de travail de cinq jours est peut être révolu. Le rapport au travail évolue. Les contraintes des PME aussi. Pour des raisons écologiques, économiques, mais aussi pour le bien-être des salariés, de plus en plus d’entreprises, notamment de PME, franchissent le cap et passent à la semaine de quatre jours.
Quels sont les avantages et inconvénients de ce changement pour votre PME ? Ces entreprises parviennent-elles à maintenir leur productivité ? Quelles sont les règles à respecter ?
La semaine de quatre jours de travail pour économiser de l’énergie
L’une des raisons qui ont récemment poussé de nombreuses PME à passer à la semaine de quatre jours est la montée brutale du coût de l’énergie.
Certaines mesures ont été prises par le Gouvernement pour aider les entreprises à encaisser les récentes hausses du prix du gaz, de l’électricité et du carburant. Les TPE de moins de 10 salariés et 2 millions d’euros de chiffre d’affaire pourvues d’un compteur électrique d’une puissance inférieure à 36 kVA sont par exemple éligibles au bouclier tarifaire. Par ailleurs, toutes les entreprises, quelles que soient leurs tailles, bénéficient d’une remise sur la fiscalité de l’énergie à travers le TICFE.
Malgré tout, le prix de l’énergie devrait continuer à augmenter de 10% en 2023. Ces hausses n’impactent pas toutes les PME de la même manière selon leur secteur d’activité.
Pour les activités facilement effectuées en télétravail, l’impact de ces hausses sur le chauffage des bureaux, les lumières et les transports des salariés peut être amorti en partie.
Dans le secteur de la logistique et du transport par exemple, la hausse du prix du carburant a un impact énorme sur les coûts de nombreuses PME. Certaines ont décidé de réduire leurs activités, en se recentrant sur les déplacements les plus rentables ou sur une activité plus locale.
Pour certains secteurs industriels très énergivores, c’est tout le business model de l’entreprise qui se retrouve à plat. Passer à la semaine de quatre jours permet à ces entreprises de mieux optimiser l’utilisation de machines très gourmandes en énergie et d’espaces de travail parfois immenses.
Avant de passer à la semaine de quatre jours, consultez vos salariés
Et si passer à la semaine de quatre jours était un choix RH délibéré, et pas seulement la réponse à une contrainte.
Ce mode d’organisation est souvent apprécié des employés, qui pourront ainsi profiter de weekends de trois jours et économiseront du temps de transport sur leur semaine. Les parents apprécieront tout particulièrement de pouvoir prendre leur mercredi… Selon une étude menée par EY en 2021, 64% des salariés français voudraient une plus grande flexibilité dans leurs horaires de travail.
Un argument qui pourrait rendre votre entreprise attractive, surtout si vous exercez dans un secteur connaissant des tensions de recrutement, tels que l’industrie ou la construction.
D’une manière générale, si vous désirez proposer une réorganisation de temps de travail à vos employés, il est préférable de les consulter en amont afin qu’ils se sentent impliqués dans ce processus et que la décision soit mieux comprise et admise.
Est-il plus approprié de rendre la semaine de quatre jours obligatoire ou optionnelle ? De laisser le choix du jour chômé ou de l’imposer, afin de fermer les locaux ou de ne pas perturber la communication entre salariés ? Entamez un dialogue avec les partenaires sociaux, les représentants du personnel, mais aussi vos clients et fournisseurs, afin que la mesure soit accueillie au mieux.
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Contactez-nousSemaine de quatre jours de travail : quelles sont les règles en France ?
La réforme du code du travail de 2017 donnant plus de poids aux accords d’entreprise, facilite le passage à la semaine de quatre jours pour les PME. Le changement peut être matérialisé par un accord collectif. Pour les entreprises de plus de 11 salariés, cet accord doit alors être signé par le CSE.
Le passage de cinq à quatre jours peut se faire avec ou sans réduction du temps de travail. Nombreuses sont les entreprises optant pour un passage de 35 à 32 heures de travail hebdomadaire sans réduction de salaire. Soit un passage de 8 à 7 heures de travail par jour en moyenne.
A partir de la 33ème heure, les heures travaillées deviennent alors des heures compensatoires ou des heures supplémentaires selon les accords négociés avec les représentants du personnel.
En cas de passage à 32 heures par semaine, l’entreprise peut faire don des trois heures restantes, et garder ses salariés en contrat à temps plein. Cela permet d’éviter le manque de flexibilité lié aux temps partiels.
Vous pouvez également maintenir un temps de travail de 35 heures et ainsi opter pour des journées plus longues.
Semaine de quatre jours : une réorganisation en profondeur de votre PME
Dans le cas d’une diminution du nombre de jours travaillés sans modification des jours d’ouverture, une réorganisation des tâches peut être nécessaire et une plus grande polyvalence demandée aux salariés.
Une tâche spécifiquement traitée par une personne en temps normal devra être déléguée en l’absence de la personne responsable. Mais ce qui peut paraître une contrainte peut en réalité aider à une meilleure implication de tous les salariés dans l’entreprise et à renforcer la cohésion d’équipe.
L’idée de passer à la semaine de quatre jours n’est pas nouvelle, mais peu de chiffres sont disponibles pour en mesurer l’efficacité à grande échelle.
Plusieurs pays ont déjà mené des expérimentations. C’est le cas par exemple de l’Islande, qui entre 2015 et 2019 a converti 1% de ses travailleurs, principalement des fonctionnaires, à la semaine de quatre jours. Les études menées dans le pays montrent une satisfaction des salariés concernés. Un chiffre à prendre avec précaution puisque ceux-ci étaient volontaires.
Une autre étude a été menée par Microsoft Japon, qui a testé cette formule en aout 2019. L’entreprise a alors noté une augmentation de sa productivité de 40%, en associant le passage à la semaine de quatre jours à une réorganisation totale du travail : limitation des réunions à 30 minutes, incitation au télétravail, troisième jour de congé imposé le vendredi…